L’entreprise responsable, vue par Marc Michiels
Marc Michiels est Co-fondateur AbingPlus, Rédac chef Com’On Leaders, Cision
Responsible Growth : Prises en ciseaux entre une multitude de contraintes économiques, technologiques, réglementaires, et leurs aspirations pour une gouvernance responsable, les entreprises se cherchent …
Pour la population, les marques semblent avoir pris le relais d’un nouveau roman collectif, créatif et innovant, et pourtant… A l’image d’une certaine inadéquation aux changements de ce grand voilier blanc qu’est une entreprise victime d’un bug économique, tel que Kodak et BlackBerry en leur temps, aujourd’hui Atos, une entreprise de services du numérique française, créée en 1997… toutes, des colosses aux pieds d’argiles. Ces mêmes vents favorables peuvent, en un instant devenir un vent contraire et modifier le plan de route qu’elle s’est elle-même fixée ! Est-ce dans la logique de la vie, d’une façon générale, comme un cycle naturel de l’existence d’une marque, d’un être humain ? Ou est-ce un problème cumulatif d’irresponsabilités, à l’inaptitude d’une gouvernance de l’ensemble des acteurs ? À l’épreuve d’un engagement romanesque, inscrit dans l’ADN de nos vies et dans l’histoire de chaque entreprise, la question de l’interopérabilité de nos existences, construite sur des notions d’utilité, de durabilité, de désirabilité et de responsabilité, devrait être en premier lieu, un espace de « civilité constructive » et non une simple influence relative, superficielle et manipulatrice sans lendemain…
Aujourd’hui, la RSE doit être avant tout un principe de réalité, éthique et vérifiable, que l’on peut analyser et questionner à sa guise. Les citoyens, les internautes, les consommateurs se montrent de plus en plus vigilants et interrogateurs face aux discours des marques. Pour autant, la responsabilité ne serait-elle pas rentrée dans nos mœurs, nos process, dans nos entreprises plus facilement que l’on ne le croyait ? La responsabilité n’est-elle pas devenue un peu comme un papier cadeau, ce qui fait l’emballage d’un produit que l’on souhaite vendre ou donner ? Le papier d’emballage n’aurait-il pas, lui aussi, son importance dans le message de donner, si précieux en relation ? Rien ne sert d’être responsable si personne ne réutilise ce papier, – ce tissu appelé Furoshiki en japonais -, pour en faire autre chose : le détourner, l’utiliser, en respectant simplement la règle des 5R (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler et Rendre à la terre) …
Une société responsable devrait être une société qui transforme tout, qui valorise le moindre déchet non pas comme une matière première mais bien comme une valeur première, essentielle et vivante !
L’éthique, l’utilité et l’usage n’ont-ils pas autant d’importance dans notre vie quotidienne que de se sentir responsable partout et tout le temps ? C’est sans compter sur ce qui anime notre « tension » vertueuse au monde, c’est-à-dire être acteur de l’histoire qui se déroule sous nos yeux, car les plus belles histoires sont celles qui s’écrivent à plusieurs mains, entre entrepreneurs visionnaires, créatifs, qu’ils soient humains ou artificiels, et consommateurs citoyens… Être responsable s’inscrit donc dans le temps long et c’est sans doute cela dont nous n’arrivons pas à appréhender la responsabilité de façon pérenne dans nos sociétés du temps présent, du tout jetable, de l’obsolescence programmée…
D’ailleurs, à y regarder de plus près, chacun de nous est devenu interchangeable, non unique et « in-singulier »… Faut-il y voir alors une faiblesse naturelle des humains, la limite d’actions devant une réalité devenue plus contraignante, une mauvaise perception de ce qui nous environne face à un espace multidirectionnel en mouvement, fait de niches, dans ces dimensions de l’immatériel et du digital ?
Dans un monde de défiances, dans une société panoptique, où s’amplifient les vulnérabilités de nos économies, la notion d’échange et de confiance, reste le point d’équilibre de nos organisations. Les actions qui n’ont pas été prises à temps, mal comprises par le consommateur ou la marque, conduisent irrémédiablement à une perte de pouvoir et d’image qui progressivement se dégrade… Et en vérité, ces Comedia dell’arte nous renseignent plus sur notre inorganisation au vivant, notre désir de plaire au plus grand nombre, plutôt que de s’organiser sous l’égide d’une gouvernance mondiale actionnable et loyale entre les communautés d’intérêts bien compris. Il n’en demeure pas moins que les médias sociaux sont un vecteur impactant du point de vue de la communication, mais tout aussi anxiogène, délétère, vivifiant, transgressif et territoires de toutes les spéculations… Il est sans doute venu le temps de jouer une autre partition tout aussi théâtrale, moins « micro-plasmique » mais plus équitable ! A moins que, toujours pris en tenaille par nos injonctions de transformations, celle-ci laissent la place à nos contradictions, c’est-à-dire à une sélection naturelle si cher à Charles Darwin ?
Sans contrat social, point de responsabilité, pas de droit, ni de devoir, point d’humanisme !
Au lieu de cela, nos sociétés cherchent de nouvelles solutions, un nouveau Graal dans l’intelligence des Temps Artificiel Modernes (ITAM) pour préserver, sans doute, les intérêts d’un plus petit nombre, afin de contrôler, toujours plus « d’adeptes » sous le prisme de l’actionnabilité du plaisir immédiat et immatériel. Ou pour protéger l’homme de ses faiblesses existentielles ? Est-ce pourtant un nouveau modèle vertueux qui nous aient présenté ? On peut d’ores et déjà se poser la question si chacun de nous ne consent pas à s’interroger sur la re-politisation nécessaire de la société contemporaine… Et faire en sorte que les entreprises prennent leur place dans la démocratie et acceptent de faire passer l’intérêt du bien commun avant chaque intérêt particulier.Mais alors,faut-il faire confiance à l’inattendu et à l’impermanence de la vie ? Ou faut-il au contraire accompagner un modèle vertueux d’entreprise raisonnable et de consommation raisonnée pour bâtir ensemble l’ambition d’un avenir plus respectueux des Hommes et de la Planète ?
Les deux sans doute, ne soyons pas trop dogmatique et restons ouvert sur le monde infini des possibles… Oui, ce monde est possible, c’est du reste notre responsabilité collective et individuelle !
Choisir entre la beauté et la noirceur est un choix simple en vérité, un choix d’équilibre et de passions, aux multiples conséquences positives… En somme, nous ne le savions pas, mais l’esprit de responsabilité est aussi un esprit d’égalité démocratique par essence.
Nous ne devrions plus être des passeurs mais bien des acteurs de ce changement…
L’action est au-dessus de l’accompagnement, les valeurs des lumières priment sur celle des ténèbres. Il en va de notre responsabilité et de notre survie en tant que modèle d’organisation, en tant que singularité humaine, placée toujours au-dessus de l’intelligence artificielle !
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12 mars 2024 at 19h40