L’entreprise responsable, vue par Sarah Bentenah
Sarah Bentenah-Dodin est praticienne de santé certifiée et fondatrice d’Hello Lundi, agence experte en Expérience Collaborateur, Engagement et Santé au travail
Responsible Growth : Prises en ciseaux entre une multitude de contraintes économiques, technologiques, réglementaires, et leurs aspirations pour une gouvernance responsable, les entreprises se cherchent …
Sarah Bentenah : Notre monde est de plus en plus incertain, ce qui impacte l’entreprise aux 2 niveaux :
- Interne avec des difficultés de rétention des talents; avec un climat social de plus en plus complexe entre dirigeants, managers et collaborateurs; et avec l’émergence accélérée de nouvelles compétences ainsi que leurs mises à jour de plus en plus rapides avec l’IA…
- Externe sur le plan économique, géopolitique, règlementaire, sociétal, technologique, environnemental…
Les entreprises sont objectivées de toutes parts (politiques de diversité, d’handicap, de parité, d’innovation, d’écologie…) avec des virages de plus en plus serrés et soudains pour l’ensemble des parties prenantes (actionnaires, dirigeants, managers, collaborateurs…).
Ainsi, elles se retrouvent davantage dans la gestion de situations d’urgence, curatives plutôt que dans le déploiement d’une stratégie à court/long terme, visionnaire et préventive avec quelques ajustements nécessaires.
Et pourtant, avoir un cap et le garder est primordial et pour se faire, l’importance est que tous tiennent la barre en apportant sa force et sa voix. Tous, ce sont toutes les parties prenantes qui sont actrices au sein et aux côtés d’une entreprise : collaborateurs, managers, dirigeants, partenaires…
Responsible Growth : Il y a encore quelques années, le digital semblait fixer le cap … mais aujourd’hui : comment résoudre le problème délicat de la prospective ?
Sarah Bentenah : La prospective doit s’adapter à notre environnement actuel : elle se veut moins lointaine, plus adaptative selon les aléas multiples prévisibles et imprévisibles de notre monde. L’anticipation ne se veut plus à 20 ou 10 ans mais est de plus en plus court-termiste.
Et pour cela, oui, le digital s’impose mais il ne faut pas oublier l’homme… c’est lui qui a le pouvoir de création premier.
Ainsi, l’homme doit s’adapter, certes en se formant techniquement mais surtout en développant des compétences d’agilité, d’adaptation et de flexibilité.
Et pour cela, en premier lieu, il faut revenir au fondement même : la connaissance de soi pour être capable d’apprendre et de créer rapidement et efficacement.
Dans un second temps, une fois l’individu équipé de « mad skills », le collectif entre en jeu afin de pouvoir anticiper différents scenarii et projeter des objectifs ajustés régulièrement et accessibles.
La clé de cette quête de la prospective juste est la communication entre les différentes parties prenantes. Que dirigeants et collaborateurs arrivent à se comprendre, à s’écouter et à interagir ensemble, dans un langage commun permet que l’immense navire qu’est l’entreprise, ne se renverse pas ou ne dérive pas par mauvais temps.
Responsible Growth : Dans ce contexte, quelle place pour une entreprise réellement responsable ?
Sarah Bentenah : Une entreprise réellement responsable, c’est une entreprise où tous les membres qui la composent sont dans un premier temps sensibilisés aux causes et engagements RSE promus et investis.
Cette étape est la base première permettant par la suite une mise en action concrète et pro-active des parties prenantes : le COMEX pour l’exemplarité, les managers pour la faisabilité et les collaborateurs pour la concrétisation massive.
Une fois la sensibilisation déployée, rendre acteur chaque individu est primordial mais demande de la personnalisation : aux caractéristiques-métiers, à l’environnement propres des équipes, aux besoins et attentes du groupe cible… Itérer sous différents formats, faire vivre et ressentir des expériences, mettre en contexte professionnel pour reproduire par la suite en autonomie, investir les espaces de travail des engagements RSE pour nourrir l’appartenance et l’appropriation des savoirs.
Et enfin, faire des collaborateurs de véritables ambassadeurs qui déverseront au-delà des murs les actions engagées et réelles à plus grande échelle.
Une entreprise réellement responsable récolte de multiples fruits : l’engagement, l’attractivité, la performance, l’impact environnemental, la durabilité dans ce monde mouvant et instantané et l’utilité sociale afin d’aider à faire changer le monde.