L’entreprise responsable, vue par Sébastien Videt
Sébastien Videt est directeur Marketing et Communication d’Heppner
Responsible Growth : Les entreprises sont actuellement confrontées à un défi complexe alors qu’elles jonglent avec de nombreuses contraintes, telles que les pressions économiques, technologiques et réglementaires, tout en aspirant à adopter une gouvernance responsable. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Sébastien Videt : Aujourd’hui, les acteurs économiques ne peuvent envisager la croissance sans transformation durable de leur modèle, de leur entreprise ou de leur secteur. Nul ne peut ignorer l’urgence environnementale et les enjeux que cela représente pour notre avenir et celui des générations futures. Opter pour une approche de gouvernance responsable – intégrant les impacts sociaux, environnementaux et éthiques des activités est une nécessité impérieuse pour toutes les entreprises.
Nous évoluons tous entre deux forces : cet impératif de transformation et une économie qui dispose de ses propres règles. Dans notre secteur du transport et de la logistique nous devons également nous adapter à une évolution forte des attentes des clients. Notre défi est donc de conjuguer excellence opérationnelle et engagement environnemental, sur une trajectoire d’amélioration continue.
Nous devons donc, en plus de cette transformation vers plus de durabilité, nous atteler à notre propre transformation technologique, et plus particulièrement digitale. Ces deux aspects sont deux des piliers stratégiques du Groupe Heppner et nous y menons ces transformations de front. En parallèle, nous devons également nous adapter à des cadres règlementaires mouvants sans pour autant renoncer à nos engagements.
Ces transformations sont inévitables, mais elles sont aussi coûteuses. Dans un contexte économiquement contraint pour tous, il est difficile de monétiser ces engagements auprès de nos clients. S’il pourrait être tentant de mettre en pause les investissements nécessaires pour aller vers davantage de durabilité, il est essentiel de garder à l’esprit que nos efforts d’aujourd’hui garantissent l’avenir de notre collectif. Il n’y a pas de retour sur investissement immédiat, il est donc nécessaire de garder une vision de long-terme et le cap que nous nous sommes fixés.
Responsible Growth : Il y a encore quelques années, le digital semblait fixer le cap … mais aujourd’hui : comment résoudre le problème délicat de la prospective ?
Sébastien Videt : La notion de prospective a changé de champ en quelques décennies. Il y a 50 ans, nous nous projetions 20 ans en avant, alors qu’il y a 20 ans, nous regardions 10 ans devant nous. Aujourd’hui, nous ne nous projetons plus aussi loin, les événements internationaux et sanitaires récents ayant prouvé que tout pouvait être bouleversé de manière imprévue et soudaine. Le cap stratégique d’une entreprise peut alors être balayé du jour au lendemain. La prospective doit alors être modelée sur une veille des changements en temps réel, corrélée à notre agilité à opérer avec efficience des changements stratégiques.
Si le digital est ancré dans nos quotidiens, je suis convaincu que la transformation numérique, auparavant au premier plan, reste une composante essentielle mais non exclusive de la stratégie de prospective des entreprises.
La prospective est une approche globale qui, pour chaque entreprise, inclut une veille de son
environnement (tendances, innovation, tendances, comportements, règlementation…), pouvant être complétée par la collecte et l’interprétation de données.
À cette veille, il est important d’ajouter une capacité à anticiper différents scenarii liés à des événements extérieurs à l’organisation. L’animation réelle de son écosystème de parties prenantes, via des partenariats, des collaborations, des benchmarks, est également un atout pour nourrir la réflexion et l’inspiration.
Par-dessus tout, la capacité d’adaptation et l’agilité doivent être au cœur du fonctionnement de l’organisation. Des processus décisionnels agiles couplés à des structures organisationnelles souples permettent d’absorber les « chocs » et de prendre les mesures qui s’imposent afin de limiter les impacts.
Responsible Growth : Dans ce contexte, quelle place pour une entreprise réellement responsable ?
Sébastien Videt : Une entreprise résolument responsable doit dépasser l’application des réglementations en vigueur. Elle doit anticiper les perspectives à court et long-terme – d’où la nécessité d’une démarche prospective globale pour prendre des mesures proactives et limiter les impacts négatifs de ses activités. Agir, tant sur le plan environnemental que social et sociétal, pour contribuer positivement à la société dans son ensemble, est un impératif, qui pourrait sembler idéaliste s’il ne reposait pas sur des partis-pris solides.
Une entreprise doit agir concrètement et mettre en place des actions tangibles au résultats mesurables. La démarche, pour être constructive et pérenne, peut être déployée sur des temps courts et en des zones géographiques limitées dans un premier temps. Au sein d’Heppner, nous avons des ambitions et des objectifs au niveau du groupe mais nous sommes convaincus que la bonne échelle est l’échelle humaine.
Nous avons mis en place un réseau de référents RSE sur l’ensemble des territoires où nous sommes présents et nous nous fixons des ambitions claires, soutenues par des plans d’actions, des objectifs et des moyens de mesurer leur efficacité.
Il est important que des actions concrètes soient aussi portées par des collaborateurs, et pas uniquement par le Comex de l’entreprise. Ces initiatives, de même que le déploiement de dispositifs sur un site ou une région, ont vocation à inspirer et à nourrir l’engagement RSE au sein du groupe.
Je suis convaincu que les entreprises ayant fait le choix d’intégrer les principes d’une gouvernance responsable dans leur stratégie globale sont celles qui sauront résister aux défis futurs. Cette responsabilité concrète et sincère, renforce la confiance des parties prenantes, des clients et des collaborateurs.
L’entreprise responsable a toute sa place !