L’entreprise responsable, vue par Marc Michiels – suite
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L’entreprise responsable, vue par Marc Michiels – suite

L’entreprise responsable, vue par Marc Michiels – suite

Marc Michiels est Co-fondateur AbingPlus, Rédac chef Com’On Leaders, Cision

Responsible Growth : Il y a encore quelques années, le digital semblait fixer le cap … mais aujourd’hui : comment résoudre le problème délicat de la prospective ?

Le digital a créé, sans que nous en ayons conscience, un nouveau monde, avec ses nouvelles histoires, ses mythes et ses légendes, ses conquêtes, ses naufrages, ses données à exploiter comme un gisement sans fin sur de nouveaux territoires, mais aussi ses déchets et une nouvelle pollution que ses activités d’expansion naturelle et de colonisation de son milieu génèrent… Il ne sait pas encore faire sans, ou, pour le moins, il ne sait pas encore faire moins et mieux tout en s’interrogeant sur les conséquences de chaque action. Dans un monde où les gens ne manquent de rien, à quoi sert d’avoir toujours plus ?

L’homme préfère encore le bruit au silence !

Il n’aura bientôt plus le choix, s’il veut garder sa singularité en signe de partage…

Preuve d’une égalité désirée et non soumise à l’arbitraire !

Et à son échelle, après avoir crucifié Dieu sur l’autel de « l’autorité », il semble que 2000 mille ans d’histoire plus tard suffisent pour qu’il passe la main à une « entité » qui pourrait résoudre le problème délicat de sa prospective et de son avenir… Le mythe du miroir magique et de Narcisse, fils de la nymphe Liriope et du dieu fleuve Céphise, tombé amoureux de lui-même en voyant son reflet dans un bassin, est depuis l’arrivée des médias sociaux une problématique organisationnelle de plus et massive dans la gestion mémorielle de ses idées et émotionnelle de son cerveau. A moins que cette sérendipité digitale l’entraine, non pas dans un désir d’oracle compulsif, mais vers un désir d’amour multivitaminé et Meta-botoxé … puis, peut-être à force de se perdre dans les méandres du ver, vers un lâcher prise permanent ! Et c’est là sans doute que l’IA va rentrer dans l’équation positive de la prospective : gérer les ressources pour ce qu’elles sont, à savoir organiser une société durable avec un nombre de ressources données et limitées, parfois croissantes, parfois décroissantes. L’Intelligence Artificielle Générative est dans toute les têtes et est au cœur de cette transformation du renouveau. Mais jusqu’à quand fera-t-elle partie intégrale de notre cerveau, de notre manière de penser le monde, non plus comme une base de connaissance documentaire, mais bien comme une réponse personnifiée d’informations restructurées sous la forme d’un Yi-king(1) moderne, pour le meilleur comme pour le pire ? Il semble que la prospective n’ait jamais autant fait parler d’elle dans l’équation de nos mondes disruptifs et dans ces différentes projections. Ce qui est certain, c’est que ces solutions se révèlent être un formidable outil d’aide à la décision et à la création. Outil & création pour l’IA et prompt & décision pour l’homme, c’est déjà suffisant & intelligible comme notion pour avancer, non ? A chacun de trouver son équilibre et à en proposer un avenir qui reste encore à écrire ou à regarder dans les yeux, de son l’utilisateur, la joie de découvrir un monde flottant d’étoiles filantes et colorées…

Étrangement, la notion d’IA sous le prisme de la prospective est liée au consentement, valeur fondamentale en ce début du 21e siècle, à la perception de ses nouveaux usages, à des notions de limites bien plus complexes et invisibles qu’ils n’y paraissent. Mais c’est aussi à un autre mythe dévastateur qui fait son grand retour, celui de Prométhée, créateur d’humanités, de sacrifices et de châtiments… La prospective est donc une idée incandescente qui brûle les ailes de géant de celui-là même quil’empêche de marcher : « Le Prospectiviste est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, … »(2).Responsible Growth : Dans ce contexte, quelle place pour une entreprise réellement responsable ?

L’entreprise réellement responsable a évidemment toute sa place, comme un éclaireur, une vigie, un marqueur, lieu d’écoute, de propositions, de co-créations et d’innovations par excellence, dans ce balancier des confluences et des dictats d’injonctions contradictoires. Mais plus que jamais le consommateur que nous sommes, tous et toutes, doit changer de posture pour se mélanger dans différentes raisons d’être et y trouver l’équilibre parfait et sans contrainte avec le monde des entreprises. Être lui aussi un acteur de cette prospective responsable, respectueux des processus d’évolutions et accompagnateurs de projets… jouer de son autorité pour ne pas devenir non plus un simple payant qui n’a que des droits sans parole mais bien un ConsommActeur qui a aussi des devoirs et celui d’être écouté !

Plus que jamais, redéfinir le rôle de l’entreprise, – tout en privilégiant une relation client apaisée au cœur de cette gouvernance-,dans un cadre de soutenabilité économique, structurer, pérenniser, crédibiliser, contrôler ces engagements, est au cœur des enjeux de la transformation des marques. Il ne tient qu’à nous de rendre ce monde raisonné, raisonnable, pour le rendre moins incertain, plus audacieux et prédictif. Considérer les bénéfices à court terme comme un moyen d’atteindre un objectif plus global, à long terme, comme une source de revenus durable, voilà une direction ! Revenir sur les fondamentaux et s’appuyer sur une démarche prospective prenant en compte l’évolutivité des processus marketing efficaces, exploitables sous le prisme de l’expérimentation, d’objectifs de fidélisation client sur le long terme, voilà le chemin !Expérimenter notre désir d’avenir non pas à notre image, mais bien sur le regard que nous portons sur la vie, voilà la vision ! Il semble que l’omniprésence de ces affirmations pertinentes ne s’expliquent pas uniquement par le chemin déjà parcouru mais bien par ce déséquilibre qui nous tient en équilibre en quelque sorte et qui nous fait allez de l’avant, chaque pas faisant…

Être responsable et s’engager, c’est être soi-même bienveillant, c’est préférer le don, le pardon et la rédemption, à toute violence et destruction.

Être responsable, c’est choisir sa vie, mais c’est aussi choisir sa fin et ses moyens d’actions, c’est notre plus grand défi à tous, entreprise comme entité fragile et singulière, comme marqué sous le sceau des intelligences complexes d’aujourd’hui et de demain et non pas pris en étaux de nos injonctions contradictoires, mais bien dans prolongement d’un art de la cohérence, de l’autorité et de la communication responsable !

« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour » comme l’écrivait le poète Pierre Reverdy… 

La vie est un déséquilibre permanent, mais quel plaisir de marcher !

(1) Un art divinatoire ancestrale d’origine Chinoise, Ier millénaire avant l’ère chrétienne, époque des Zhou (1027-256 av. J.-C.).

(2) D’après le poème de Charles Baudelaire : deuxième poème de la deuxième édition (1861) du recueil Les Fleurs du Mal.

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