L’entreprise responsable, vue par Frédéric Cantat
25740
post-template-default,single,single-post,postid-25740,single-format-standard,stockholm-core-2.3.2,qodef-qi--no-touch,qi-addons-for-elementor-1.6.5,select-theme-ver-9.2,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_menu_,wpb-js-composer js-comp-ver-6.9.0,vc_responsive,elementor-default,elementor-kit-9
Title Image

L’entreprise responsable, vue par Frédéric Cantat

L’entreprise responsable, vue par Frédéric Cantat

Frédéric Cantat est Référent méthodes d’intelligence collective et d’innovation collaborative à l’IGN.

Responsible Growth : Prises en ciseaux entre une multitude de contraintes économiques, technologiques, réglementaires, et leurs aspirations pour une gouvernance responsable, les entreprises se cherchent …

Frédéric Cantat : Il y a tout juste trois ans, Emmanuel Faber, alors président du groupe Danone, était poussé par la sortie. « Cette décision, réclamée par des fonds activistes récemment entrés au capital qui reprochaient une trop faible performance du cours boursier semble aujourd’hui révéler les fragilités du statut d’ »entreprise à mission » dont Danone fut la première entreprise cotée à se doter, en mai 2020 » indiquait à l’époque The Conversation (dans Danone, une illustration des fragilités du statut d’entreprise à mission – 8 mars 2021).

Beaucoup plus proche de nous, le crédit donné par certains gouvernements aux mouvements de protestation des exploitants agricoles qui ont éclos dans la plupart des pays producteurs de l’Union Européenne a pu donner l’impression d’une inflexion possible des politiques environnementales de certains pays membres (même s’il n’est question, par exemple, en France, que d’une pause momentanée pour le plan Ecophyto).

Dans un autre registre, pour limiter les émissions carbone, l’offre de transport public s’est étoffée ces dernières semaines avec l’ouverture (ou la réouverture pour certaines lignes) de trains de nuit. Et dans le même temps, pour un même trajet, acheter un billet d’avion peut être meilleur marché, pour de multiples raisons y compris fiscales.

Ces quelques exemples illustrent la difficulté pour les organisations de garder le cap lorsque l’environnement est (très) changeant, y compris au niveau des aspirations et priorités des consommateurs dans un contexte de forte diminution du pourvoir d’achat. Point positif à l’IGN : la (nouvelle) boussole fixée en 2021 « Changer d’échelle : réinventer le service public de l’IGN à l’heure du dérèglement climatique et de la souveraineté numérique » est toujours d’actualité !

Responsible Growth : Il y a encore quelques années, le digital semblait fixer le cap … mais aujourd’hui : comment résoudre le problème délicat de la prospective ?

Frédéric Cantat : Oui, avec l’enchaînement des crises financières (2008 notamment), l’avènement de la génération Z (qui a marqué une rupture dans le rapport à salarié / entreprise), les vagues d’attentat, la pandémie mondiale du Covid-19, la survenance de conflits armés, les crises énergétiques, l’inflation, le tout à l’ère de la post-vérité généralisée, difficile de savoir de quoi demain va être fait, alors après-demain…

Deux enseignements peuvent en être tirés toutefois : cela incite d’une part à investir un peu dans les démarches de design fiction, même si le pire n’est jamais sûr. Dans ce registre, l’expérimentation « Red Team » lancée en 2019 par le Ministère des Armées me semble particulièrement inspirante. Et cela milite aussi pour le plus court terme pour développer l’agilité des organisations, dans tout ce qui est entrepris. La démarche beta gouv, promue par la direction interministérielle du numérique (DINUM) et appliquée aujourd’hui dans de nombreuses administrations et organisations publiques (l’IGN l’applique notamment dans sa Fabrique des Géocommuns) me semble une démarche tout à fait pertinente.